À savoir, parlons de personne, je veux dire de quelqu’un…
Pour commencer inhabituellement l’exercice, une question santé (ou de société) :
Qu’est-ce que l’autisme dit « haut potentiel Asperger » ?
C’est important, car cela concerne une personne que je connais, oui, c’est le quelqu’un de plus haut dont je témoignerai plus bas…
Le syndrome d’Asperger est une des formes d’autisme (assez nombreuses), dont l’anomalie la plus gênante pour la personne, (la seule en comparaison aux autres formes d’autisme) se trouve dans la compétence sociale. C’est-à-dire que la personne va avoir des difficultés et des comportements liées aux souffrances générées par une situation sociale donnée : beaucoup de monde autour d’elle, parler à une assemblée, devoir se présenter à des gens, parler de soi (ça change des moi-je ?), une foule dans le métro, sentir un avis négatif ou une attention particulière liée à la connaissance de son syndrome – autrement dit, changer votre regard, même par compassion (surtout pas de ça), une fois que vous savez, et vous serez immédiatement repéré, pire bien sûr, les souffrances pour la personne s’amplifieront. Cela s’accompagne donc d’une extra-sensibilité à l’entourage, de ce qui se passe autour et surtout se dit, voire se pense…
Pour un avis purement scientifique suffisamment court et afin que je ne vous perdisse pas dans une série de longues phrases que j’affectionne, je vous renvoie à une courte vidéo, témoignage d’une spécialiste :
Il est important de noter que c’est le regard des autres, quand ce ne sont pas les mots déplacés, qui a pu, depuis l’enfance, ou qui va toujours, enfermer la personne dans un monde de souffrances intérieures et de gêne considérable. Il en est de même pour toutes les bonnes actions du type traitrise ou les malhonnêtetés visant à s’approprier ses créations, son travail, ses idées …
C’est une situation sociale qui met la personne en état de penser qu’on l’a considéré comme faible et manipulable…
Eh oui elle est faible, non pas de son état, mais plutôt affaiblie à son insu d’ailleurs, de ce que le groupe entier peut penser d’elle et du rejet parfois associé, de sa solitude et mise à l’écart donc. Elle peut surtout être victime d’abus de gentillesse, plus que de faiblesse.
Les conséquences concrètes une fois seule, peuvent être désastreuses et aller jusqu’à la mise en souffrance et danger physique de la personne, par elle-même.
Maintenant commence vraiment mon témoignage sur l’aspect entreprendre et, vous l’aurez compris, l’autisme.
J’ai tous les éléments pour témoigner grâce à la rencontre d’une personne, Patricia, qu’il est tout à fait possible de « faire avec » ce syndrome pour entreprendre.
J’ai donc rencontré Patricia alors qu’elle était en difficulté autistique pour présenter un de ses projets en assemblée et j’ai alors ouvert la porte des possibles. Ayant engagé la conversation avec elle au préalable sur son projet, j’avais trouvé une différence entre la clarté du projet intéressant dont j’avais entendu les grandes lignes et le résultat de l’exercice rendu extrêmement difficile par un brouhaha lié au fait que l’assemblée ne l’écoutait pas vraiment.
Personne ne connaissait alors à cet instant, pas même moi, sa singularité, mais sa singularité faisait son œuvre et la déjouait, malgré tous les efforts entrepris pour compenser.
Ma curiosité décidément piquée par l’intérêt que suscitait ce qu’elle m’avait exposé m’invita à la contacter plus tard pour en savoir plus sur son projet.
J’ai donc découvert une belle personne et une visionnaire aux puissants pouvoirs d’appréciation des situations sociales, économiques, philosophiques et environnementales. J’en passe sûrement, mais c’est du niveau de … désolé je ne trouve pas de comparaison, car c’est au-dessus. Et si je porte cette appréciation, c’est humblement d’en bas…
Ce qui différencie ses approches, c’est la forte dimension prospective, innovante, en intégrant tous les aspects de l’humain.
Elle construit pour demain, pour nos enfants, pour que ses projets, dans la pire éventualité, continuent à se développer.
C’est du niveau de ce que Simon SINEK décrit comme « une juste cause » dans son livre « Le jeu de l’infini » (Pearson – 2020)
Une juste cause n’est pas la même chose qu’un “pourquoi”. Le pourquoi vient du passé. C’est un récit des origines.
C’est une affirmation de ce que l’on est – la somme de toutes ses valeurs et de toutes ses croyances. Une Juste
Cause porte sur l’avenir : elle dit où l’on va, elle décrit le monde dans lequel on espère vivre et qu’on veut contribuer à bâtir.
C’est aussi une inventrice comme le montrera prochainement le lancement d’un nouvel accessoire pratique et de mode pour les femmes (breveté en 3 ans).
Je vous rassure, elle a sans doute des défauts, qui sont comme pour nous tous, ses vrais handicaps…
Mais si l’avare peut recevoir des conseils ou des allusions sans changer, voire être prêt à perdre des amis trop francs, il est difficile d’imaginer compenser cela par l’emploi de quelqu’un (bonjour, je suis celui qui donne à sa place…).
Tandis que Patricia peut tout à fait compenser son manque de compétence sociale par des personnes qui les détiendront. C’est d’une part une des preuves de son leadership et cela tombe bien, nous travaillons beaucoup ensemble depuis, sur la complémentarité des compétences.
Nous sommes d’ailleurs tous à un moment ou un autre handicapé des compétences que nous n’avons pas (ou peu) et il vaut mieux alors confier la mission à un autre. Bon d’accord parfois, c’est de la paresse, sinon pourquoi une société tant tournée vers les services…
Nous disions donc, entreprendre : idées et projets puissants, leadership, organisation, stratégie, savoir compléter ses ou les compétences, … pour ce que j’ai pu ressentir ou observer avec Patricia. Où est la faiblesse de l’autisme dans tout cela, le handicap ?
Et finalement, pourquoi ce témoignage ?
Pour que Patricia, (et toutes les autres personnes concernées) ne soit pas enfermée dans le cadre habituel généralement résumé à un semblant de connaissances sur son mode de fonctionnement. C’est aussi un des points très importants du projet de réseau de recrutement que nous travaillons à son initiative qui par exemple, plutôt que de limiter les personnes à leur dernière expérience, les invitera à capitaliser sur les compétences acquises lors de leur parcours, si court puisse-t-il être.
Témoignage aussi, car je me demande alors pourquoi j’ai découvert Patricia alors cantonnée très longtemps à un poste qui ne permet pas d’utiliser son énorme gisement de compétences ; gisement qu’elle considère être simplement au service des autres. Elle exprime si bien et si spontanément ses belles idées que certaines doivent bien avoir été utilisées, mais elle est restée toujours à la même place ? C’est l’autisme le « problème » ? Ou bien est-ce l’intérêt de quelque opportuniste ? Il y a un peu d’exploitation abusive derrière cela ? Même pas ? Alors, une sorte de gâchis ?
Pour en dire un peu plus sur Patricia, je dirais qu’elle fait donc partie des 1% de la population touchée par une forme d’autisme et apprenez à la connaitre vous verrez qu’elle aime ce chiffre de 1%, proportion dans laquelle elle « excelle » dans d’autres domaines … Émile Gallé, est un de ses modèles de par des similitudes de vie et de vision.
Il a travaillé très dur et s’est intéressé à de nombreux domaines (un peu comme Léonard de Vinci) tout en faisant face à une maladie alors inexpliquée, identifiée aujourd’hui grâce à ses propres écrits comme étant la maladie de Biermer (ou anémie pernicieuse). Tout son entourage médical a tenté d’identifier la maladie dont il souffrait jusqu’à sa mort. Et pourtant cela ne l’a pas empêché de passer au-dessus de tout cela pour construire, chercher, s’intéresser et surtout entreprendre.
Sur sa manière d’avancer, je lui vole la parole avec ses mots repris d’un de ses écrits où elle se livre :
« Ma singularité, ma force, mon énergie, mon ambition aujourd’hui est de démontrer que lorsque la maladie peut parfois limiter nos actions, notre esprit, notre “musculature mentale” nous obligent à avancer, à nous transcender dans l’adversité. Le mot juste pour symboliser cette énergie plus forte que tout qui m’anime est la résilience par l’action.
Lorsque la motivation est grande, il n’est nulle montagne que l’on ne puisse escalader. Je crois en l’action pour qu’elle soit source de changements profonds.
J’ai le désir ardent de faire de ma singularité un atout en faveur de la réalisation d’un projet ! Il s’agit avant tout d’ouvrir une brèche, une porte et de partager la clé avec toutes celles et ceux qui ont la même envie cachée quelque part en eux et s’interdisent d’oser pour de multiples raisons
J’espère que Patricia ne m’en voudra pas de l’avoir mise ainsi dans cette sorte de lumière, qu’elle évite. Sa discrétion « maladive » n’est pas, une fois de plus, un obstacle, mais une grande force, différente, apportant beaucoup, me semble-t-il, dans le leadership et l’entrepreneuriat, et sans doute, dans la société de demain.
Yves Michel